PRIX CLAIRE NORDMANN

© Walter Tschopp

Afin de rendre hommage à l’avocate-militante fribourgeoise Claire Nordmann (1945-1990), Mille Sept Sans remet le Prix Claire Nordmann, qui promeut et encourage l’engagement et les recherches autour des thématiques chères à Claire Nordmann, à savoir :

  • les droits et luttes féministes
  • la lutte pour les droits des minorités
  • la lutte contre la pauvreté et la précarité
  • la lutte contre le racisme et les discriminations

Le prix récompense un travail de fin d’études secondaires II, qui s’inscrit dans une sensibilité féministe.

Le prix

Condition de participation La participation au Prix Claire Nordmann est gratuite et ouverte à toute personne étudiant dans le canton de Fribourg et ayant rédigé, lors de l’année scolaire 2023-2024 (exceptionnellement, pour l’année de lancement du prix, les travaux 2022-2023 sont également acceptés), un travail de fin d’études secondaires II, qui s’inscrit dans une sensibilité féministe.
Type de travaux acceptésTous les formats (vidéo, performance, travail écrit, arts digitaux, arts de la scène, arts plastiques, etc.) sont acceptés, pour autant qu’il s’agisse de travaux de fin d’études au secondaire II.
Thématique féministeToutes les thématiques sont acceptées à condition qu’elles s’inscrivent dans une sensibilité féministe.
Modalités de participationLangues : français, allemand, bilingue (FR/DE), anglais
Adresse : Chaque participante ou participant doit faire parvenir son travail par courriel à l’adresse contact@milleseptsans.ch avant le 30 juin 2024.
Sujet : Prix Claire Nordmann 2024
Corps du texte : Veuillez
1. Vous présenter brièvement :
-Prénom, Nom
-Date de naissance
-Pronom d’usage + accord (par ex. Elle + féminin)
-Adresse postale
-Etablissement secondaire II auquel vous appartenez
-Titre de votre travail
2. Veuillez expliquer en deux ou trois phrases de quelle manière votre travail s’inscrit dans une sensibilité féministe.
Pièces jointes : Veuillez nous faire parvenir votre travail sous la forme d’un seul fichier PDF + liens vers le contenu à visionner (si c’est le cas)

Vous recevrez un accusé de réception de notre part par courriel.
Désignation de la gagnante ou du gagnantLe 31 août 2024, un jury, constitué de membres de l’association Mille Sept Sans,
désignera la lauréate ou le lauréat,  parmi l’ensemble des personnes ayant participé au concours.
DotationsOutre le prix….la personne ayant gagné se verra remettre un bon d’achat dans une librairie de Fribourg.
Remise du prixLe jury contactera la gagnante ou le gagnant et l’informera des modalités à suivre pour accéder à son prix.
ResponsabilitéMille Sept Sans pourra annuler tout ou partie du concours s’il apparaît que des fraudes sont intervenues sous quelque forme que ce soit.
Archives Walter Tschopp

Qui était Claire Nordmann ?

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Claire Nordmann naît le 24 décembre 1945 à Fribourg de Pierre et Simone Nordmann, née Lob. La famille Nordmann est connue pour être une des rares familles juives de Fribourg à l’époque, elle grandit donc dans ce groupe minoritaire et fréquente la synagogue de la ville. 

Elle fait son école primaire dans la ville puis son gymnase (1959-1966) à l’Académie Ste-Croix. Après avoir fait ses études supérieures et ses stages d’avocate à Fribourg, elle obtient son brevet en 1976. Elle est une des premières avocates du canton et insiste pour mettre un « e » au nom de son métier d’avocatE.

Claire s’engage très vite ; elle est une des membres fondatrices de la section fribourgeoise des JDS. Elle lutte pour l’instauration du suffrage féminin, et dès 1971, elle est élue comme conseillère générale fribourgeoise puis députée, pour le parti socialiste. 

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Elle raconte avoir dû lutter pour ne pas se laisser marcher sur les pieds, en tant que femme en politique. Elle s’est battue contre les commentaires sexistes et l’appréhension des hommes à voir une femme se lancer dans la course au Conseil Général. Une fois élue et tout au long de ses mandats, Claire a dû se battre pour se faire une place dans un monde politique alors très masculin, et s’y sentir légitime.

Tout au long de sa vie, Claire Nordmann a tenu la lutte féministe dans ses priorités. Militante sans concession de la condition des femmes et de l’égalité plus généralement, elle est très touchée par le quotidien des femmes défavorisées et s’engage sans se poser de questions pour leur rendre la vie meilleure. Claire est un exemple de courage, d’humanité au travers de sa volonté de justice, sans condition.

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Féministe tant dans la rue, qu’au tribunal, Claire soigne également les détails (non moins importants !) : elle insistera pour garder son nom de jeune fille, en se faisant appeler Claire Tschopp-Nordmann après son mariage avec Walter Tschopp, et dès qu’elle en aura l’occasion, grâce au nouveau droit matrimonial en vigueur, elle remettra son nom à elle en avant ; et la voici Claire Nordmann Tschopp. 

Durant les années septante, elle participe à l’organisation des premières manifestations des femmes socialistes. Ensuite, forte de son siège au Grand Conseil fribourgeois, elle intervient en faveur des vendeuses ; ces dernières ayant de mauvaises conditions de travail et de rémunération. Elle s’oppose également au travail de nuit. Elle s’engage de surcroît dans l’association Solidarité-Femmes dès sa création, où elle assure, entre autres, des gardes dans un appartement destiné aux femmes battues. 

Appelée ”l’avocate des pauvres”, Claire Nordmann milite pour les droits des candidates et candidats à l’asile, et pour les droits des locataires abusées et abusés, notamment lors des projets visant à transformer le boulevard de Pérolles en une grande rue commerciale. 

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En janvier 1987, c’est contre le racisme que se focalise la lutte de Claire Nordmann, alors députée. Après une énième expulsion de personnes immigrées d’un pub à Fribourg, celle-ci demande au gouvernement d’intervenir. Elle se dit indignée que “dans le canton de Fribourg, règne et se développe un climat ouvert de racisme et de xénophobie”.

Fervente activiste pour la paix, elle est une des premières à défendre les objecteurs de conscience devant les tribunaux militaires et participe à l’initiative pour “une Suisse sans armée” lors d’un congrès à Bern où elle se prononce fermement en faveur d’une autre manière de gérer les conflits.

Si elle est une ardente partisane de la liberté, l’avocate n’hésite cependant pas à lutter de toutes ses forces pour l’interdiction des machines à sous. Car, dit-elle, “la liberté de jouer engendre aussi l’esclavage qui grossit le rang des échoués de la vie”.
De plus, Claire s’est aussi intéressée passionnément à la culture fribourgeoise comme le démontre le combat qu’elle a mené pour la préservation du café des Grand Places où elle anime un groupe « bistrot » qui acte pour sauvegarder le bâtiment alors promis à une démolition.

Finalement, elle tient à être une mère investie et présente pour sa petite fille, Sarah, montrant ainsi que l’on peut allier travail et vie de famille.

Enfin, militante jusqu’à son dernier souffle, Claire Nordmann n’oublie personne et précise dans ses dernières volontés qu’elle offre aux membres nécessiteux et nécessiteuses des juristes démocrates suisses ses ouvrages juridiques..

Claire Nordmann décède le soir du 29 mai 1990, à l’âge de 44 ans, des suites d’un cancer du sein combattu avec courage et détermination. Elle laisse derrière elle une petite fille, Sarah et son époux Walter.


Nous adressons un merci tout particulier à Walter Tschopp qui nous a donné accès avec grande générosité à ses archives personnelles, constituées de nombreux articles et photographies. Nous avons grandement apprécié passer un après-midi à écouter les anecdotes à propos de Claire Nordmann.
Nous remercions également pour leur soutien et confiance Sarah Tschopp, Philippe Nordmann, la famille Nordmann, les proches et réseaux d’amitié de Claire Nordmann, ainsi que la Prof. Anne-Françoise Praz.

© Walter Tschopp
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