TEMOIGNAGES

TW : Page contenant des descriptions de situations de harcèlement de rue, d’agressions verbales, d’agression physiques, d’attouchements et/ou de racisme.


Femme, 28 ans

Juin 2024. Dimanche, dans le train aux alentours de 9h.

Après avoir dû changer de train et de bus, je reprends un train, dont le trajet restant n’est qu’environ de 20 minutes. Sans doute moins. Mais pour moi, c’était comme s’il y avait potentiellement une bombe à retardement dont je ne savais comment empêcher l’explosion.

Il y a un groupe de cyclistes assis à côté de moi. Et assis deux sièges plus loin, un jeune homme (qui n’a rien à faire avec ce groupe) qui me fixe du regard, et pas avec des bonnes intentions. Bien que sa posture me soit assez évidente, je détourne le regard et le regarde à nouveau pour être certaine qu’il me fixe bel et bien de la manière dont je l’ai ressenti. C’est bien le cas. Et ça dure.

Je commence à me sentir très mal. Il fait des signes de la main pour que je m’approche de lui.

N’ayant que des bribes de connaissances sur les réactions à avoir en cas de harcèlement, je fais ce qu’il m’apparaît le mieux à ce moment-là. Je lui dis haut et fort « Arrêtez de me regarder, ça me met mal à l’aise ».
Il n’arrête pas. La cycliste à côté de moi, bien plus âgée, me dit qu’il l’a regardée de la même manière. Elle le pense juste un peu perturbé. Elle me dit de me mettre en face d’elle pour qu’il ne puisse plus me fixer du regard. Et me dit qu’ils sont là au cas où. Au bout de cinq minutes, elle dit bien fort au jeune d’arrêter car il continue de lui faire des signes. Il dit que ce n’est pas lui qui le fait et continue son cirque.

Je stresse. J’ai rendez-vous à une manifestation et j’ai peur qu’il me suive à la sortie du train. Le groupe de cycliste ne pourra pas m’aider à la sortie, car ils sortent deux ou trois arrêts plus tard. À la sortie du train, j’accoste un Monsieur et lui demande de l’aide. Il m’a accompagnée jusqu’à la sortie de la gare et m’a fait attendre quelques mètres plus loin afin d’être sûr que le jeune partirait. Si ce monsieur a été aidant, j’ai eu le sentiment qu’il ne me prenait pas au sérieux: « oh vous savez, je pense qu’il n’osera rien vous faire ». Oui, ça me fait une belle jambe les probabilités…

J’ai pu m’en sortir sans recroiser le jeune et n’ai donc pas dû appeler la police (aurait-elle seulement réagi?).

Cet événement s’ajoute à d’autres traumas, d’autres situations de harcèlement et de violences. Autant dire que mes émotions à ce moment-là et actuellement sont donc amplifiées par ces expériences. Depuis, je suis hors de moi, sonnée. J’ai comme des blocages et des pannes de mémoire court terme, et me sens souvent pétrifiée.. Je regarde autour de moi dans la rue, crains de porter certains vêtements (alors que j’étais couverte de la nuque aux pieds avec un habit de sport ample, au moment du harcèlement et qu’on sait bien que le problème, ce ne sont pas les vêtements mais le harceleur). Mais je fais l’effort d’aller dans l’espace public pour ne pas développer des phobies et surtout pour ne pas devenir parano; tout en restant prudente: difficile de trouver l’équilibre.

Ce jour-là, c’était la deuxième fois de ma vie que j’envisage de prendre un taxi pour me rendre à un endroit auquel je souhaitais accéder à pied.

Afin d’améliorer un minimum mes ressources dans un éventuel prochain épisode, je me renseigne auprès d’une employée des CFF plus tard dans la journée sur les délais d’arrivée de la police CFF en cas de besoin, et sur l’aide qu’ils peuvent apporter (m’amener au lieu de rendez-vous par exemple). Elle ne sait pas me répondre.

Je ne comprends pas qu’une employée des CFF ne soit pas capable de répondre à ce genre de question en 2024.
J’ai croisé des policiers CFF quelques jours plus tard. Les délais d’arrivée sont variables, mais il faudrait prévenir au moins 20 minutes avant, idéalement. Sur l’aide apportée, il serait, entre autres, théoriquement possible de m’amener en voiture à mon lieu de rendez-vous. Mais « tout dépend de la patrouille et des autres cas à régler sur le moment ».

Des fois je me demande si les gens peuvent arrivent à s’imaginer ou à entendre qu’un « simple regard insistant » qui dure 15 minutes puisse avoir un énorme impact psychologique. J’aimerais ne pas me sentir en danger à cause de mon identité de genre dans l’espace public.


Femme, 28 ans

Vendredi soir: observé comment un homme qui harcelait une jeune fille de 16ans dans le train (proximité physique beaucoup trop proche + questions indéscente). Nous sommes partie avec la jeune fille dans une autre partie du train après ça. En sortant du train, l’homme est sorti aussi, nous avons signaler la situation a la police locale en leurs montrant une photo. La police a dis qu’ils allait voir s’ils le trouvent. Mercredi: je passe a côté de la gare et je remarque que quelqu’un me suit, c’est le même homme, qui semble m’avoir reconnue. Je me retourne et lui demande ce qu’il veut et je part. Je retrouve des agents de police locale pour leurs raconter la situation, ils prennent une photo de la photo de l’homme.


Femme, 30 ans

Avec une amie, on marche le long d’une route principale, sur un petit chemin de promenade. Une moto arrive derrière nous. Une fois à notre hauteur, le conducteur fait hurler son moteur. Un son si fort que nous sursautons. Ça nous fait mal aux oreilles. Le voilà qui nous dépasse et nous fait un signe de main, un petit salut. L’artiste sort de scène, content de sa performance de connard.


Femme, 30 ans

Début de l’été, première journée en robe. J’aimerais que ça n’ait pas eu d’incidence et pourtant… Je suis à vélo et je m’arrête au feu juste en-dessus de la gare à Fribourg. Je m’avance jusqu’a la ligne du feu, dépassant ainsi la première voiture de la rangée. Celle-ci s’avance jusqu’à moi. Je me dis que c’est parce que la personne qui conduit souhaite me dépasser rapidement quand le feu passera au vert. Puis j’entends une voix. Je me retourne et je vois le conducteur (un homme cis, blanc d’une cinquantaine d’année) qui se penche pour me dire « Je me suis avancé pour mieux vous voir. Vous êtes jolie. ». Désespérée, je réponds que je n’ai pas besoin de son compliment non sollicité. Alors, tenez-vous bien: Il recule sa voiture, je l’entends marmonner. Puis avance à nouveau jusqu’à ma hauteur. « Je disais, est-ce que c’est mieux, comme ça? ».
Là, le feu passe au vert. Je pédale à toute vitesse et lui se met à rouler à ma hauteur. Alors je lui tire un grand doigts d’honneur puis il disparaît derrière moi, sans doute avalé par le vortex des connards.
Mon cœur bat la chamade. Je suis en colère et j’ai eu peur. J’aimais bien cette robe.


Femme, 38 ans

Avec une amie, nous avons quitté une soirée ensemble et au moment de se séparer pour que chacune prenne le bon chemin pour la maison nous nous sommes promises de nous écrire une fois rentrées pour nous rassurer. Nous nous sommes faites harceler, les deux dans deux parties différentes de la ville en même temps. Personnellement par un groupe de trois mec qui m’a suivie jusqu’à ce que je croise des gens sur mon chemin et que je trouve et prenne le courage de me tourner et de leur crier dessus car je n’étais plus seule. Je leur ai crié « vous me faites peur! » dans la panique. Ils sont partis. Mais j’avais la boule au ventre. J’ai écris à ma copine et elle venait aussi de se faire harceler. Je ne suis plus rentrée toute seule du reste de l’été par peur que cela m’arrive de nouveau.


Femme, 28 ans

Je devais avoir 24, 25 ans, je rentrais chez moi après un noël entre amis, nez rouge ne pouvait pas faire de détour pour me ramener devant chez moi vu que la voiture appartenait à mon amie qui avait trop bu. Bref, j’ai dû marcher un peu, pas longtemps, 10 min max, il était passé 3h du mat, tout est calme. Un homme chelou, à moitié chauve mais avec des cheveux long, gras, m’interpelle, me suit, je lui réponds pour éviter les insultes et les emmerdes, à la base j’étais de bonne humeur, j’aurai sans doute du me taire.
Il me suit jusqu’à mon immeuble et lorsque je refuse de prendre un verre avec lui se montre agressif et dit que vu qu’il sait mon nom, il va sonner chez moi. J’arrive rapidement à rentrer dans mon immeuble et à lui refermer la porte au nez, heureusement mon nom n’est pas sur la sonnette, j’habitais alors en colocation. Je rentre dans ma chambre apeurée et furieuse, j’ai été polie tout au plus. J’ai eu par après longtemps peur qu’il me retrouve un jour.
Je pourrais aussi raconter la fois où on m’a attouchée, ah pardon ce sont les fois, la fois où on a mis de la drogue dans le verre de mon amie (peut être aussi dans le mien, j’avais eu le réflexe de ne pas le finir) alors qu’on dansait au Habana (une histoire qui a bien fini grâce à un gentil sécu qui rentrait chez lui), le frotteur du bus alors que j’avais 17 ans, les insultes, les commentaires sur mes vêtements et mon physique, pour l’instant j’ai toujours eu de la chance ce qui est triste à dire, car plein d’emmerdes me sont déjà arrivées ici à Fribourg et c’est une ville tranquille non ?


Femme, 22 ans

Je suis allée à un festival de musique à Zurich il y a quelques mois, mais je ne suis pas une grande habituée du monde de la nuit, des boîtes de nuit ou des festivals. Je dansais au milieu de plein de gens et un homme s’est mis derrière moi. Il a commencé à se rapprocher de moi et je pensais que c’était parce qu’il n’avait pas de place, en effet il y avait beaucoup de monde. Mais il se rapprochait plus jusqu’au moment où il s’est carrément collé à moi et a commencé à se frotter et à mettre ses mains sur mes hanches. Tout mon corps s’est tendu, mon coeur battait à mille à l’heure, j’étais choquée et en colère. Je me suis retournée vers lui et je lui ai dit d’arrêter ça tout de suite ! Heureusement il a baissé les yeux et a arrêté ce qu’il était entrain de faire.
J’ai commencé à pleurer et j’ai du sortir de la foule car je n’arrivais pas respirer tellement je me sentais mal, sale, comme si on m’avait pris quelque chose de moi sans me demander mon consentement…


Femme, 21 ans

Ça devait être en fin 2019 si je me souviens bien, j’étais avec des ami.e.s à un « before » en ville de Fribourg avant d’aller à Globulle en voiture, un quasi inconnu s’est incrusté à notre « before » nous demandant s’il pouvait nous accompagner à Globulle. Ne voyant sur le moment pas de problème il s’est donc assis à côté de moi siège passager arrière dans la voiture. Le trajet a été horrible, ça a été ma première agression sexuelle et je me suis senti.e complètement à l’abandon pendant le trajet. Mon ami siège passager avant se rendit compte et détourna l’attention de l’agresseur.

Plus tard dans la soirée il est revenu plusieurs fois vers moi me prendre le visage dans les mains ou sentir mes aisselles (oui j’ai trouvé ça très étrange aussi). Je lui ai dit non, plusieurs fois. Il a aussi suivi ma meilleure amie jusqu’à chez elle pour lui demander son numéro et dans les raves au alentours de Fribourg il est connu pour être particulièrement lourd et insistant. Plusieurs fois à d’autres soirées il a essayé de revenir vers moi, je refusait systématiquement et souvent mes ami.e.s ont dû se mettre entre lui et moi pour me protéger.

La plaie s’est ravivée aujourd’hui, quand je l’ai vu dans une storie instagram de la grève féministe. Je trouve ça d’une indécence totale de sa part.


Femme, 27 ans

Des mois durant…
La première fois que je l’ai vu, je me rendais à l’école. Comme certains matins, j’étais seule sur le chemin. Cet homme d’une bonne cinquantaine d’années a fait des bruits plus que suggestifs à mon passage puis m’a suivie. Ce jour-là, trois jeunes hommes sont intervenus, encore un énorme merci à eux. Pour moi, ça n’était qu’un mauvais épisode comme il en arrive souvent.
Quelques jours plus tard, il est arrivé par derrière moi et m’a touché à de nombreuses reprises. Je pleurais, j’avais peur mais je n’arrivais pas à bouger, plusieurs personnes ont assisté à la scène mais personne n’a rien dit.
La fois suivante, j’étais seule, l’homme est arrivé par derrière moi, m’a touchée à nouveau, à pris ma mains pour se toucher… Lorsque j’ai voulu partir, il m’a attrapée par mes vêtements (déchirant mon t-shirt) et a sorti une petite lame avec laquelle il m’a griffée au visage puis coupée à la main… deux points de suture…
Je l’ai vu encore une fois mais je suis incapable de me souvenir de ce qu’il a fait… uniquement quelques flashs qui reviennent hanter mes journées, mes nuits… Des coups, des caresses qu’on ne veut pas…
Malheureusement, cet homme n’a toujours pas été retrouvé.
On oublie à quel point ce genre d’intrusion dans notre sphère privée est fatigante, épuisante. J’adapte ma vie à ce qu’il m’a fait, parce que je ne peux plus me déplacer seule, parce qu’il a dérobé une part de mon innocence…


Femme, 27 ans

Fribourg, mardi 5 octobre 2020.
Je prends le bus pour me joindre à mon travail. Je m’assieds à une place à 4, encore vide. Le bus est pourtant déjà bien rempli. Derrière moi, une jeune femme. J’entends un homme âgé de 70 ans environ s’asseoir à côté d’elle et lui dire bonjour. Puis, au prochain arrêt, elle sort, et cet homme en question vient s’asseoir en face de moi. Il me salue et me demande comment je vais. Par simple politesse et sans anticipation d’intentions malsaines, je lui réponds :
« bien merci ».
Il enlève ses lunettes sales pour les essuyer à son pull. Je fais mine de regarder mon téléphone pour ne pas devoir continuer à lui parler. Le regard baissé, je me sens observée. Je suis mal à l’aise. Après quelques instants, je lève la tête et je vois cet homme la main dans son pantalon en train de se toucher devant moi. Je n’ai eu qu’un seul réflexe : me lever et partir loin. Le bus était rempli, j’avais du mal à m’enfuir. A l’arrêt suivant, je suis allée me placer tout à l’avant du bus pour sortir rapidement à l’arrêt de mon travail, espérant que cet homme ne sortirait pas également.
Depuis ce jour, j’ai peur de le recroiser dans ce bus, le bus que j’utilise quotidiennement pour me rendre à mon travail. Je me suis sentie envahie dans mon intimité. Cela me dégoute. Il me dégoute. Je suis en colère. J’espère ne plus jamais croiser cet homme à Fribourg. Malgré tout, je dois vivre avec cette peur et cette méfiance qui s’imprègnent toujours plus de certains hommes.


Homme, 40 ans

Vendredi 25 septembre 2020.
Elle rentre tranquillement, quartier paisible , passant par une petite ruelle à deux pas de la maison.
C’est pas tard mais il n’y a pas grand monde dans les environs.
Un type arrive, l’approche, en moins de deux il touche, il agresse, il insiste et met ses mains partout.
Elle se défend et crie comme lui ont appris les cours de self-défense conseillé par la LAVI parce que quand on est une femme, c’est déjà arrivé…plusieurs fois.
Il lui assaine un coup si puissant qu’un masque et qu’un col roulé peineront à dissimuler l’énorme hématome sur son visage, elle tombe à terre et hurle!
Il fini par s’enfuir.
Elle a eu de la chance cette fois-ci.
Elle ne va pas porter plainte parce que: « de toute façon ça va rien changer… »
Elle regrette déjà de me l’avoir raconté.
Je suis triste et en colère à la fois.
Je pense à ma fille encore petite, je ne serai certainement pas là quand ça lui arrivera.
J’ai mal au cœur.
J’ai peur.
Je pleure.


Femme, 37 ans

Fribourg, le samedi 26 septembre 2020.
Je vais travailler, il est 6h du matin, il fait donc encore nuit. 4 gars légèrement ivres m’abordent brutalement. Ils m’entourent dans un premier temps, puis me suivent.
La poésie habituelle :
Hé M’dame file moi ton numéro »
Alleeeez quoi, je suis un mec cool »
-«  Vas-y quoi , sois sympa »

Dialogue de sourd :  « Laissez-moi tranquille, je vais juste travailler« 

Ils n’entendent rien.

Heureusement, je suis proche de l’entrée de service qui ne s’ouvre que par badge et je referme très vite derrière moi. Une fois en sécurité sur mon lieu de travail, j’ai les larmes qui montent. Je comprends que vu qu’ils étaient 4 , j’ai personnellement pris cela comme une agression plus que du harcèlement.
Je cherche alors du réconfort et de l’écoute auprès de mes collègues femmes.
Et voici la réaction de certaines d’entre-elles :
-« Ahhhhh mais ils étaient juste alcoolisés….!« 
-« Tu sais, dans leur culture, ils draguent comme ça….!« 
Et j ai même eu droit à :
– « Si cela avais été des filles , tu aurait réagis autrement« 
( je suis homo, pour que je vous compreniez)
Leurs réactions ne m’ont pas aidé du tout. Je me suis sentie conne de ressentir cela comme une agression. A force d’entendre qu’elles minimisent  les faits.
Tout cela pour dire qu’il y a encore énormément de boulot !!! Si même des femmes ont encore ce genre de réactions ! Y a pas que les hommes qui doivent évoluer !


Femme, 29 ans

Samedi 26 septembre 2020, gare de Romont.
J’attendais mon train, en écoutant de la musique. J’ai vu débarquer un jeune homme très étrange vers moi qui me scrutait de haut en bas. Je me déplace vers le bout du quai, le train pour Fribourg arrive je m’assois vers le milieu du train. Au bout de 15 min, cet homme fait des allers-retours en me fixant, entre les WC et sa place, et s’assoit en face de moi. J’ai pris mes affaires et je me suis mise avec d’autre gens en bout de train. Je sors du train à Fribourg, et je vois ce gars en train de marcher d’un pas vif pour m’approcher, je me suis mise à courir. Cet homme s’est aussi mis à courir derrière moi. Je suis passée par la gare routière en courant et j’ai réussi à le semer. Ca a été stressant.

Au retour des commissions, je dois vous avouer que j’étais sur le qui-vive, un peu stressée.


Femme, 22 ans

Le 21 août 2020, je me suis rendue à la Motta de Fribourg seule afin de me dépenser physiquement et de profiter des rayons de soleil.
J’étais couchée sur mon linge quand j’ai senti un regard observateur et déshabillant. Je me sentais gênée et toute nue. Ceci a peut-être duré une quinzaine de minutes, jusqu’à ce que je n’en puisse plus. J’ai décidé de sortir mon livre afin de faire semblant de lire, pour enfin prouver mon ressenti en le regardant discrètement. C’est là que je vois clairement cet homme d’une cinquantaine d’années se touchant les parties génitales à travers son caleçon de bain, se masturbant.

J’ai décidé alors de me rhabiller et de déplacer mon linge. Je suis allée dans un autre secteur de la piscine et j’ai été vers une sécuritas qui m’a rassurée, me disant qu’elle allait le surveiller et que j’avais le droit d’appeler la police. Peu de temps après la sécuritas et moi avions vu que cet homme s’était déplacé dans le nouveau secteur où j’étais.

Je n’en peux plus de devoir subir sans rien dire. C’est pour ça que j’ai décidé d’appeler la police et de porter plainte.
L’affaire est close, mais le dégoût reste.


Femme, 30 ans

Cela faisait quelques jours que je venais d’accoucher, je sortais pour la première fois dehors avec une enveloppe à aller poster. J’étais encore très fatiguée de l’événement, je marchais doucement et déconnectais de mon nouvel univers en reprenant conscience qu’il existe un monde autour de moi.
Soudain en arrivant vers la poste (place de la Riponne) je passe devant deux hommes d’une cinquantaine d’années qui me dévisagent complètement. Je décèle dans les yeux du plus grand un désir malsain lorsqu’il me lance un « uuuh t’es sexy toi » et m’appelle comme on appelle un chat. Mes pieds continuent de marcher mais je sens une fureur grandir en moi.
Je vais poster ma lettre, je reviens sur mes pas, je repasse devant eux et il recommence la même parade en insistant cette fois encore plus. Je m’arrête et ne peux me retenir de lui dire de la fermer en le foudroyant du regard. Mais cela l’excite encore plus alors je m’éloigne vite.
Je rentre chez moi, je retrouve ma petite fille de quelques jours et me fais la promesse de faire tout mon possible pour pouvoir éradiquer ces choses de son quotidien à elle.


Femme, 22 ans

En fin d’après-midi, je prends le train pour rentrer chez moi. Je n’étais pas de bonne humeur à l’idée de devoir faire 2h30 de train seule. Étant étudiante, je sors mes cours et commence à réviser. Le trajet se déroulait bien quand soudain un homme d’une cinquantaine d’année vient s’asseoir en face de moi.
D’abord il me regarde de manière intensive, je n’y prête pas attention puisque j’ai mes cours étalés sur mes jambes pour réviser et la musique dans les oreilles.
Tout à coup il me touche le pied avec ses pieds. Au début j’ai cru qu’il n’avait pas fait exprès et que par erreur son pied m’avait un peu effleurée.
Je n’ai donc pas réagi, puis il a continué à me faire du pied 4-5 fois. Je ne savais pas comment réagir j’avais peur et je n’osais pas affronter son regard que je sentais toujours autant pesant sur moi.
Puis il a commencé à être plus doux et à me « caresser » le pied toujours avec ses pieds. D’un seul coup j’ai pris toutes mes affaires je l’ai regardé méchamment et suis partie du wagon. Je suis restée paralysée et tremblante jusqu’à mon retour chez moi.


Femme, 20 ans

Juillet 2016 : je rentre chez moi, il est deux heures du matin, un type me suit. Il veut me parler je lui fais comprendre que je n’en ai pas envie. Il continue à me suivre jusqu’à chez moi. Il me prend dans ses bras passe son doigt sous ma jupe et ma culotte et me touche. J’arrive à me dégager et je m’enfuis.

Deux mois plus tard

Septembre 2016 : Il est 20h30 je rentre de mon cours de théâtre. Dans une petite rue j’entends des pas qui courent derrière moi, une main attrape ma tête et me frappe contre un mur. L’agresseur me frappe de toutes ses forces. J’hurle à l’aide et je crie. Au bout de quelques minutes une fenêtre finit par s’ouvrir et mon agresseur s’enfuit. Je suis à terre, blessée. L’homme qui a ouvert sa fenêtre s’excuse, il a cru que j’étais bourrée et que je plaisantais.

J’avais 17 ans, j’ai appris plus tard que l’homme qui m’a agressée en avait 38.


Femme, 22 ans

« Étant étudiante et d’origine asiatique, j’ai travaillé dans le service pendant 2 ans à la gare de Fribourg. J’ai fréquemment eu droit à des harcèlements et à des commentaires à caractère raciste. Ceux-ci venaient à chaque fois des hommes.

Beaucoup m’ont salué du fameux « nihao » en voyant que j’étais typée asiatique. D’autres me demandaient pourquoi j’arrivais à parler français sans accent. Une fois, un monsieur m’a même demandé comment j’avais pu trouver un travail dans un tel établissement.

– « Nihao »
–  »T’as un copain? »
– « Tu fais quoi après le travail? »
– « T’es trop mignonne »
– « Tu me donnes ton numéro? »
– « Les Asiatiques, vous êtes tous les mêmes »
– « Tu finis à quelle heure? »
– (…)

Un jour, un homme me demande mon numéro:
– Tu me donnes ton numéro? C’est pour mon pote tibétain.
– Non.
– Pourquoi non!?
– Parce que je n’ai pas envie.
– Mais il est tibétain! »


Femme, 21 ans

« Quand j’avais 14 ans, je rentrais de l’école en bus et je remarque le regard très insistant d’un homme âgé d’une cinquantaine d’années. Je sors à mon arrêt et il sort en même temps. Il me suis un petit moment et quand nos chemins se séparent il me dit « t’es sexy toi ». J’étais furax et je l’ai obligé à s’excuser ce qu’il a finalement fait après plusieurs demandes de ma part.»


Femme, 23 ans

« Des histoires de harcèlement de rue, j’en ai des centaines malheureusement. Elles vont du simple sifflement dans la rue, en passant par des hommes très insistants en soirée, à ceux que j’ai eu croisés et qui me harcèlent depuis des années sur les réseaux sociaux. L’histoire que je vais raconter tient plus de la tentative de viol que du harcèlement. J’habite une petite ville, le genre de ville où on entend fréquemment les gens dire « ici, tu ne risques rien, c’est tranquille ».

Une nuit d’été il y a bientôt trois ans, je rentrais de soirée lorsque j’ai remarqué qu’un individu me suivait. J’ai commencé par accélérer le pas, faire des virages un peu inattendus pour voir si ce n’était pas de la paranoïa car de nombreux événements que j’ai vécus me forcent à être sur mes gardes en permanence. Comme il était toujours derrière moi, j’ai tourné à un coin de rue et sprinter pour essayer de le semer. Mais il m’a couru après, m’a plaquée contre un mur et s’est mis à me parler dans une langue que je ne connaissais pas. Il a ensuite essayé d’ôter mon pantalon tout en plaquant son autre main sur ma bouche, j’étais tétanisée, dans ma tête c’était le vide, impossible de bouger… Deux individus alertés par le bruit sont arrivés, il a pris la fuite. J’ai eu de la chance. Par la suite, j’ai porté plainte, j’ai été suivie mais je dois avouer que cet événement m’a laissé beaucoup de séquelles et hante encore mes pensées. En parlant de ça avec des amies, je me suis vite rendu compte que ce genre d’histoires était légion et que beaucoup d’entre elles ne se terminaient pas autant bien que la mienne, ce qui m’a été confirmé par la Police (qui a été d’un grand soutient). Les agressions, les viols, ce n’est pas une légende en Suisse, ça arrive régulièrement, beaucoup plus qu’on ne le pense… Les harcèlements de rue sont la pointe de l’Iceberg, la porte ouverte à des choses plus graves… Les harcèlements sont le reflet d’un problème sociétal d’éducation et il est grand temps d’arrêter de nier sous prétexte que la situation des femmes est mieux que par le passé…»


Femme, 41 ans

«J’attendais calmement le bus place Python, en plein hiver donc habillée chaudement, un monsieur d’une cinquantaine d’années que je ne connaissais pas du tout est venu vers moi et m’a proposé de me ramener chez moi. J’ai décliné poliment mais fermement son offre, il a commencé à insister, en arguant que sa voiture était juste à côté, que j’allais avoir froid, que de toutes façons le bus n’était pas là, … c’est uniquement parce que le bus est arrivé et que je suis montée dedans que j’ai pu me sortir de cette situation. »


Femme, 25 ans

«Un dimanche après-midi, me voilà dans le train pour un long trajet. Il y a peu de monde dans le train et je m’assieds dans un wagon où il n’y quasiment personne. J’écoute de la musique et somnole un peu. Tout à coup, j’ouvre les yeux et vois qu’un homme s’est assis en face de moi en diagonale. J’ai envie d’être tranquille, je l’ignore complètement et me rendors un peu. Tout à coup, du coin de l’œil, j’aperçois sa main s’agiter frénétiquement de haut en bas. Ce monsieur a son pénis dehors et se masturbe en me regardant. Je le regarde dans les yeux, son regard est imperturbable et insistant, je n’arrive que dire « vous êtes dègue » et me barre avec toutes mes affaires le plus vite possible. Je change de wagon. Il me suit. Je change à nouveau de wagon. Je n’arrive à penser à rien, je suis sous le choc. Il me reste 1h de train. J’ai bien pensé à aller prendre en photo cet homme, mais j’avais juste envie de rester le plus à distance de lui. Le contrôleur du train arrive à ma hauteur, je lui parle de l’événement, il me regarde avec une certaine indifférence. J’ai l’impression que je viens de lui annoncer que j’ai perdu une chaussette. Il me demande de lui décrire cette personne et s’en va sans rien dire de plus. Je ne sais pas trop quoi faire. Après un moment de réflexion, je pars à la recherche du contrôleur, pour exprimer mon mécontentement à propos de son attitude. Toujours indifférent, la discussion ne mène à rien, il n’exprime aucune empathie et même franchement aucun intérêt. Il trouve d’ailleurs que cette personne « n’a pas la tête à faire ce genre de choses ». Je demande donc le nom de ce contrôleur et lui dis que je ferai suivre l’affaire à sa hiérarchie, ce que j’ai fait le lendemain. Arrivée enfin chez moi, je lâche mes impressions au coloc présent à la maison qui me dit que je surréagis totalement et que je perds mon énergie à être indignée pour ça. Il m’écrit une lettre par la suite pour s’excuser d’avoir « donné l’impression de minimiser les faits » en mentionnant quand même qu’il est  « plus choqué par les inégalités salariales que par un demeuré qui se branle dans le train ». »


Femme, 26 ans

« Novembre 2013 : Je sors de mon bus de nuit au Schoenberg. Il est approximativement 3h50. Je rentre du boulot, je suis fatiguée. Je marche un bout, là je vois une voiture qui ralentit et je me dis « arf un type va en sortir et il va m’accoster »… c’est exactement ça. Le type me suit. Il a entre 20 et 30 ans, grand et sec. Je refuse tout ce qu’il me propose ou me demande. Il ne veut pas me lâcher. On arrive devant chez moi, je sors mes clés pour ouvrir la porte de mon immeuble. Ça me met mal, car il sait où j’habite. Donc je sors mes clés. Là, il bloque la porte et me dit que je dois lui donner un baiser sur la bouche si je veux pouvoir rentrer chez moi. Là j’ouvre la porte et je tire de toutes mes forces pour pouvoir rentrer, j’y arrive et je tire de toutes mes forces une fois de l’autre côté pour empêcher le type de rentrer. Là, je le vois qui s’énerve et qui essaie de forcer la porte. Je monte dans l’ascenseur et j’arrive chez moi. Le lendemain, je constate que la porte de l’immeuble est cassée, le verrou a sauté. »

« Juillet 2014 : Je sors du boulot à 3h26 pour prendre mon bus à la gare à 3h30. Un type me crie dessus, puis me crache dessus par derrière. C’est un client, il n’a pas aimé ma manière de lui refuser ses propositions à caractère sexuel un mois plus tôt à mon bar. Je poursuis mon chemin en lui disant que c’était inadmissible ce qu’il a fait. Il me traite de salope et de pute. Il me poursuit et lève sa main à mon visage. A ce moment, un jeune homme lui barre la route et fait comme si on se connaissait. Le client continue de se montrer violent et agressif. Le jeune homme me protège. Il y a la queue à l’entrée du bus, je devance et bouscule des jeunes femmes et je montre au chauffeur que j’ai peur et que je suis en danger. Il ferme une porte, puis la deuxième. A la suite de cette agression, j’ai décidé de porter plainte contre ce client. Les motifs sont voie de fait et injures. J’ai appris par la police qu’il avait agressé une autre femme deux jours après mon agression. La police, après ma déposition (je ne connaissais pas son identité, mais ai fait une description très précise), l’a retrouvé très très rapidement. Cette personne devra simplement payer des amendes. La police m’a appris qu’il ne regrettait rien et qu’il était prêt à recommencer. J’ai porté plainte cette fois, car il s’agit d’un client et que le fait de m’agresser en dehors de mes heures et de mon lieu de travail est effrayant et inadmissible. Mes anecdotes d’agression sont assez banales en soi. Ce qui ne l’est pas, c’est le fait de porter plainte. Cela doit être systématique et banal. »


Femme, 24 ans

« En rentrant d’un festival à vélo vers 1 heure du matin, un homme m’a suivi. Lui était un scooter et donc me suivait sans aucun souci. Lorsque je me suis retrouvée au milieu du pont de Pérolles, et donc bloquée sur la route sans moyen de virer à gauche ou droite sans me suicider, l’homme est venu à ma hauteur. Il m’a alors demandé : « ça va Mademoiselle ? ». Je lui réponds que « Oui, ça va » d’un ton ferme et strict. L’homme freine et s’éloigne de moi. Je me sens alors soulagée et j’ai l’impression d’avoir gagné contre lui. Mais l’homme revient et lorsqu’il arrive à mon hauteur, il me fesse. Oui, vous avez bien lu ! IL ME TOUCHE LES FESSES et s’en va en klaxonnant, tout content. J’ai hurlé, je l’ai insulté, j’ai pleuré, je n’ai plus pu pédaler et je me suis cachée. Tétanisée, je n’osais poursuivre. M’attendait-il quelques mètres plus loin ? J’ai alors appelé mon père qui est venu me chercher. Ce n’est pas la première fois que je suis victime de harcèlement de rue. Il est vraiment nécessaire que cela s’arrête ! Je refuse de restreindre mes déplacements, mes sorties, et donc de limiter mes choix à cause de ce type de harcèlement. La rue n’appartient pas au genre masculin. »


Femme, 25 ans

« J’ai habité à Villars-Vert pendant quelques années. Un soir, je suis rentrée en bus vers 23h30. Arrivée dans le quartier, un type allant dans la même direction que moi commence à me faire la conversation. Je réponds vaguement un bonsoir et un hmm… J’habitais le dernier immeuble de la rue. Une fois à la hauteur de mon immeuble, je demande au gars s’il vit aussi ici. Il me dit que oui, mais il est bizarre. Alors je commence à comprendre que je suis dans la merde. Il ne me semble pas que c’est un de mes voisins et il n’a pas l’air honnête. Devant la porte, je lui dis que s’il vit ici, il peut ouvrir la porte. Il me répond qu’il n’a pas ses clés. Je flippe, j’ouvre la porte et me mets à courir dans l’escalier. Il me court après, mais j’ai réussi à rentrer dans mon appartement et à difficilement refermer la porte sur lui. Il est bien resté cinq minutes à essayer de l’ouvrir avant de s’en aller. »

« Le printemps dernier, lors d’un trajet de bus sur Pérolles aux heures de pointe, le bus était bondé et tout le monde était entassé. Un type – une tête de moins que moi, la quarantaine – était collé à moi et donnait un coup de bassin contre moi à chaque mouvement du bus. J’ai mis un moment à comprendre que le type bandait dans son pantalon et qu’il se frottait contre moi. Sur le coup, je n’ai pas osé réagir car j’étais choquée. Finalement, je lui ai mis un coup de coude dans les côtes. Mais il a recommencé au prochain mouvement de bus. Je n’ai rien fait, je n’ai rien dit, je n’ai pas osé et je me suis sentie conne. Je suis juste sortie du bus… »


Femme, 29 ans

« Je marchais en ville un dimanche après-midi accompagnée d’un ami (je précise de sexe masculin) et un homme s’est approché de moi en me demandant si je voulais du sexe avec lui. N’ayant pas tout de suite compris, nous lui avons demandé de répéter. Je lui ai dit : « ça va pas la tête !? » et lui ai demandé poliment de nous laisser tranquilles. L’homme nous a poursuivi sur plusieurs mètres en insistant sur le fait qu’il voulait mon numéro de téléphone. Il ne parlait pas bien français. Je lui ai dit que s’il continuait à nous suivre j’allais appeler la police. Il a encore insisté, toujours en nous suivant. Puis nous avons eu peur et nous avons accéléré le pas pour nous réfugier dans un kebab afin de le semer. La mésaventure en est restée là. »


Femme, 25 ans

« Je rentre du travail à 4h du matin lorsque j’entends derrière moi la voix d’un homme qui me hèle. Je me retourne vaguement mais remarque qu’il est pas mal alcoolisé alors je décide de l’ignorer. Rapidement ses « Hé! » se transforment en « Suce-moi la bite! » « Vas-y! 50.- la pipe! ». En guise de réponse, j’accélère le pas tandis que lui continue à me balancer ses horreurs. Je n’arrive à lui répondre qu’une fois arrivée à la hauteur de ma maison car je me sens enfin en sécurité. Là je lui exprime toute ma colère et lui dis qu’il devrait avoir honte de parler ainsi à des femmes dans la rue. Là-dessus, il me répond que c’était uniquement une proposition et que je n’avais qu’à lui répondre au lieu de l’ignorer… »


Homme, 45 ans

« Mon témoignage est un peu hors du commun mais démontre quand même dans quel monde les femmes et filles évoluent de nos jours. C’était sur une terrasse de Fribourg, je buvais mon café tranquille, à la table d’à coté deux hommes dans la cinquantaine, bcbg. Ils regardaient les filles (sortie de collège) passer. A un moment, l’un des hommes dit a l’autre : « tu vois celle la? (montrant du doigt une fille qui devait avoir entre 15-16 ans), dans 10 ans elle sera « bonne »! »… Je me suis retourné pour leur faire comprendre que cela était complètement déplacé et à la limite de la pédophilie d’avoir des pensées pareilles. Et sa réponse était : « mais tu est pédé toi? »… Malheureusement, on doit se contenir dans ces moments, dire que des hommes pareils ne se rendent pas compte que l’être humain pourrait leur faire du mal rien qu’avec une tasse à café… J’en étais retourné toute la journée et les publicités de magasins d’habits qui utilisent l’image de la « Lolita » me riaient au visage en m’ayant démontré leur impact dans le cerveau masculin en faisant tomber des barrières… »


Femme, 23 ans

« Je rentre de l’école, il est 17h00, le bus est bondé. Un type très grand, d’une quarantaine d’années, est collé derrière moi. Je m’aperçois qu’il fait des mouvements bizarres avec son bassin à chaque mouvement de bus. Ce n’est qu’après un moment que je me suis rendue compte qu’il se frottait contre moi. J’étais choquée, je n’ai pas osé réagir et je suis sortie du bus. J’ai porté plainte contre inconnu et la police a réussi à le trouver grâce aux caméras des bus. Il a reçu une amende… »


Femme, 27 ans

« Plus qu’un témoignage, il s’agit d’un texte que j’ai écrit sur mon blog et que je vous invite à lire : voyages d’une plume. Je voyage beaucoup et malheureusement partout où je suis allée j’ai été victime de harcèlement de rue… J’en suis donc venue à me demander s’il s’agit à chaque fois de harcèlement ou si, dans certains endroits, il pouvait être question de culture, de traditions… »


Femme, 27 ans

« Ma sœur venait en vacances à Fribourg (elle habitait aux USA à l’époque). Nous avons décidé de sortir toutes les deux et j’étais très contente donc je me suis apprêtée. Je suis en surpoids mais ça ne m’empêche pas d’être très coquette. J’avais une belle robe noire courte, des talons très chics et hauts, des accessoires, bien maquillée, bien coiffée : je me trouvais belle… A peine arrivées en ville, arrêtées à parler avec des amies devant Manor, un groupe de mecs lancent des insultes à mon égard : « si j’étais aussi grosse, je mettrais pas ce genre de robe », « regarde celle-là comme elle a sorti ses grosses fesses », etc etc. Ma sœur entend et me propose de marcher et d’aller plus loin… Plus loin, pareil, alors qu’on était assises à l’arrêt de bus deux mecs lancent de loin « Hey ça va on peut parler avec toi? Parce que nous on aime trop les grosses »… Moi de répondre « bah c’est dommage, moi j’aime pas les cons ». J’avais les larmes aux yeux, ma soeur m’a proposé de rentrer, ce qu’on a fait. Ces pauvres mecs ont gâché notre soirée alors qu’à la base je me sentais belle… »


Femme, 21 ans

« Eté 2012, journée hyper ensoleillée, je porte un short, un chapeau et des petites baskets. J’attends un train pour rejoindre des amis. Un type sur le quai s’approche de moi, il a l’air un peu paniqué, je décide d’enlever mon casque pour lui venir en aide. Il me dit « avant de te voir j’étais comme mort… ». Ok, un gros lourd. Je remercie, remets mon casque et monte dans le train. Il monte avec moi. Je m’installe, sors un livre, envoie un SMS à mes amis pour les prévenir que je suis suivie, et fais semblant de lire le livre le temps du trajet, sentant le regard plus que présent du Monsieur sur moi. J’arrive à destination, sors du train et commence à courir. L’Homme me court après, m’attrape à la gorge, me plaque contre un mur, sous les regards livides des passants. J’arrive à m’en dégager et reprends ma course de plus belle. Je me jette dans le premier bus qui passe et arrive à le semer ainsi. Sous le choc, j’appelle ma mère pour lui raconter. Elle me réplique que je devrais être flattée de plaire aux hommes. Le soir, mon père me dit « non mais, quelle idée de porter un short aussi… c’est normal que ca te soit arrivé ! » »


Femme, 24 ans

« Alors que je n’étais qu’une ado, je prenais le bus pour me rendre au collège. Je devais avoir quelque chose comme 16-17 ans. Tous les passagers étaient extrêmement serrés car c’était l’heure de pointe. Accrochée tant bien que mal à la barre du bus, j’attendais d’arriver à mon arrêt. C’est alors que j’ai senti une main sur ma cuisse. Rien de bien grave, pensais-je, avec tout ce monde, les contacts sont difficiles à éviter. Bien mal m’en prit. Quelques secondes plus tard, une main me touche à nouveau, mais cette fois remonte le long de ma cuisse.
Je n’ai jamais su à qui la main appartenait. Peut-être réagirais-je, maintenant que je suis mieux dans mes baskets. Mais je n’ai rien dit, ni durant l’action, ni par après à mes proches. J’ai eu l’impression d’être salie et utilisée. Je me suis sentie bête et j’ai préféré me taire. Avec le recul, je pense que ça n’était pas la bonne solution. »


Femme, 22 ans

« Eté 2014, fin d’après-midi. Alors que je suis au Schoenberg, en train de rentrer chez moi, un homme m’interpelle et me salue. Hésitante, je m’arrête pour lui répondre avant de faire mine de continuer mon chemin. L’homme continue de me parler, me poussant à rester immobile, gênée, alors qu’il commente ma robe ainsi que les cicatrices d’opération que je porte sur l’une de mes jambes. Après m’avoir montré celles qu’il portait à la main, il glisse sa main sous mon genou sous prétexte d’examiner ma jambe et tente de remonter jusqu’à mes cuisses. Je l’en empêche et fait un pas en arrière avant de lui expliquer que je ne suis pas intéressée et que je préfère les femmes. Sourire immense sur le visage, lui m’explique que lui « sait faire comme les femmes » et « peut me montrer ». Livide, je prends à peine le temps de dire non et de bafouiller une excuse avant de m’éloigner, presque en courant. Je n’étais pas très loin de chez moi, à peine une centaine de mètres et pourtant je n’ai pas osé regarder derrière moi pour voir s’il me suivait. Une seule chose m’importait à ce moment-là : être en sécurité.

Les jours qui ont suivi, je n’ai plus osé emprunter ce passage pour rentrer chez moi. Je crois d’ailleurs avoir revu l’homme, il m’a saluée alors que je traversais la gare avec une amie mais j’ai préféré l’ignorer. »


Femme, 27 ans

«Pendant une soirée à Fri-Son en décembre 2016, alors que j’étais DJ, plusieurs hommes me regardaient mixer et me demandaient de sourire. L’auraient-ils fait si j’avais été un DJ masculin ? Non, je ne pense pas. Autre situation intéressante, mais très irrespectueuse et inconfortable, alors que je mixais, un homme a réussi à venir sur scène et a commencé à se frotter à moi et à me toucher… Encore une fois,l’aurait-il fait si j’avais été un DJ masculin ? Non, je ne pense pas.»


Femme, 72 ans

«Oui, j’ai 72 ans et je voudrais dire que la dernière fois que je me suis faite harcelée, c’était il y a 10 ans. J’étais de sortie avec mes élèves dans le grand parc de la Pontaise (Lausanne) en face du Bâtiment Administratif de la Pontaise. Les élèves de sexe masculin (12-16 ans) faisaient les singes et les gamins sur les jeux et je bavardais avec mes élèves de sexe féminin de tout, de rien, de la vie à l’ombre des arbres, il faisait doux..
Un peu plus loin un petit groupe de personnes. Et tout à coup, il y en a un qui me crie: « VA DONC MAL BAISEE.. ». Et je réponds du tac au tac: « MONSIEUR SI JE SUIS MAL BAISEE C’EST A CAUSE DE VOUS LES HOMMES!!!! ». Et mes élèves de sexe féminin (bosniaque, kosovare, portugaise de 13 16 ans) ont répondu: « MAAAADAAAAAAME, heu vous vous rendez compte de ce que vous leur dites? ».
Moi: « Eh bien mes élèves, voilà ce qu’il faut répondre quand les hommes ne vous respectent pas!!! »
Pour mémoire, si nous sommes devenues si féministes dans les années 60, 70, c’est parce que tout à coup, on en pouvait plus de toutes ces mains, tous ces mots sales et dégueulasses, toute cette peur qui nous empêchaient de nous promener où et comme on voulait….Pour mémoire, à New York années 70, nous avions un sifflet dans la poche et si nous étions en danger on sifflait. Pour mémoire, à Montréal nous étions inscrites dans des cours de WENDO self défense et tout à coup on marchait plus droite plus fière plus…. »walk tall ». Voilà un petit témoignage. Le harcèlement ça date depuis TOUJOURS…..les femmes et les homos devront toujours se défendre ce ne sera jamais réglé, c’est une lutte toujours recommencée. Je ne suis pas homo mais je sais….. Merci de m’avoir lue. Je suis disponible pour des petits cours d’histoire…»


Femme, 22 ans

« 2016, un mardi soir aux alentours d’une heure du matin, je rentre chez moi après une soirée avec des ami-e-s. En passant devant La Poste de Tivoli, je croise un groupe de mecs – dans mes souvenirs, nous avons a peu près le même âge. L’un d’eux s’arrête et hèle ses potes : « Vas-y, mate la mini jupe ! ». Je suis seule. Je porte un manteau par-dessus ma robe et des collants. Je sais qu’il parle de moi. Immédiatement, ma tête bouillonne : Je n’ai rien demandé. Je n’ai pas envie d’être « matée » ! Je suis en train de rentrer chez moi et je suis fatiguée ! Pourtant, je choisis de me taire – mes écouteurs vissés sur mes oreilles sont d’excellents prétextes. Je continue donc mon chemin sans sourciller et c’est là que j’entends derrière moi : « Hé ! Réponds ! Tu pourrais être un peu respectueuse quand même ! »

… et pourtant je choisis de me taire…

Stratégie de protection d’une femme seule voulant éviter une altercation frontale avec un groupe d’hommes dans la nuit ou intériorisation des sempiternels « conseils » sur la manière dont je devrais en tant que femme m’habiller dans l’espace public ; pour ne pas attirer l’attention, mieux vaut ne pas porter de collants et autre blabla ? Je ne sais, mais ce qui est certain, c’est que je trouve cela fatiguant.»


EN AVANT !